Les filles de chez Moreau
— 29” HD
2022
«1984.
Par un matin de février, les ouvrières d’une tricoterie découvrent avec colère la fermeture de leur usine. Le patron de celle-ci déménage en douce depuis des mois les stocks et les machines.
S’ensuivent alors 722 jours d’occupation par ces femmes. Parmi elles, ma grand-mère maternelle,Odette.»
L’usine familiale Moreau finira par être détruite et le mobilier brûlé, laissant derrière elle des femmes sans travail et révoltées.
36 ans et trois générations de femmes plus tard, cette histoire resurgit dans ma vie. Me vient alors l’envie de la raconter au travers d’une installation multimédia, composée de vidéos, de photos et de sculptures.
Cet ensemble donne lieu à deux films qui reposent sur une structure en métal. Cette structure devient alors le squelette de l’usine. Les assises pour regarder les vidéos font également parties de l’installation et évoquent le poste de travail.
L’intérêt de cet évènement me semble double.
D’abord, il me tient à coeur car il est directemen lié à ma vie, à ma famille, à son histoire et ces chamboulements majeurs qui ont ét l’occupation de l’usine et le licenciement de ma grand-mère. Ensuite les fermetures d’usine et les délocalisations sont encore fréquentes, perpétuant la marginalisation / la précarité de toute une frange de la population et du territoire national. C’est aussi une affaire singulière dans l’histoire ouvrière de par la longueur de l’occupation et du fait que ce sont essentiellement des femmes qui résistaient dans l’usine.